Avant de commencer sa prépa HEC, chaque bachelier a déjà en tête une image plus ou moins effrayante de ce qui l’attend. Beaucoup se demandent s’ils ont le niveau, s’ils sont à leur place, si les autres ne seront pas tous plus brillants. Très vite, les premières notes tombent, le rythme s’accélère et le doute s’installe. Manque de résultats, baisse de moral, révisions qui semblent inefficaces, soucis personnels, tout concourt parfois à faire naître l’idée de tout arrêter.
Ce passage à vide touche quasiment tout le monde, parfois plusieurs fois au cours des deux années. Cela ne signifie pas que vous n’avez pas le niveau pour la prépa HEC ni pour l’établissement où vous êtes inscrit. Il existe un vrai fossé entre le lycée et la prépa, aussi bien en mathématiques qu’en géopolitique, en ESH ou en culture générale. Les exigences changent, la densité des cours aussi, ce qui vous déstabilise. Ce sentiment reste normal et peut même servir de déclencheur. Placé au pied du mur, on découvre souvent que l’on peut fournir davantage d’efforts que ce que l’on croyait possible. Lorsque la sensation de blocage devient trop forte, certains choisissent de se faire accompagner par des cours particuliers pour avancer à leur rythme. Ce n’est pas un aveu d’échec, mais une stratégie pour progresser plus efficacement.
Les heures de travail augmentent tellement que l’on entend souvent dire qu’en prépa HEC, toute vie sociale disparaît. C’est faux. En revanche, la manière de vivre son temps libre change. Là où le lycée laissait l’espace pour sortir plusieurs fois par semaine, aller régulièrement au cinéma ou en soirée, le rythme de la prépa impose des choix. Vous ne pourrez pas tout faire, mais vous ne vivrez pas non plus enfermé en permanence sur vos fiches.
Préserver une vie sociale reste nécessaire pour respirer, tenir sur la durée et garder de l’énergie. Voir de temps en temps ses amis de lycée, partager un repas avec sa classe, participer à une activité sportive ou associative permet de relâcher la pression et de revenir plus concentré. En première année, il est tout à fait possible de s’accorder une soirée par semaine, parfois un peu moins en deuxième année, mais quelques heures déconnectées changent réellement la façon dont vous abordez le reste de la semaine. Trois heures de pause paraissent peu sur le papier, pourtant elles évitent l’épuisement et rendent le travail bien plus productif.
Les concours d’écoles de commerce sont sélectifs, les places limitées et tout pousse à croire que la prépa HEC fonctionne sur un mode purement individualiste. La réalité est plus nuancée. Pour tenir la cadence et progresser, l’ambiance de classe joue un rôle déterminant. Une promotion soudée, où les élèves partagent les fiches, s’entraident sur un exercice de maths ou un sujet de dissertation, crée une dynamique bien plus stimulante qu’une classe enfermée dans la compétition permanente.
L’entraide n’est pas un acte désintéressé. En expliquant un chapitre d’ESH, une carte de géopolitique ou une démonstration de mathématiques à un camarade, vous vérifiez en même temps que vous maîtrisez vraiment le contenu. Exposer clairement une notion que l’on comprend mal est quasiment impossible. Cette relecture active renforce votre propre compréhension. Une bonne ambiance de classe aide aussi à traverser les moments difficiles. Savoir que l’on va retrouver des camarades avec qui rire après un devoir surprise de maths ou après une colle compliquée change la perception de ces épreuves. Vous vous préparez à un concours, mais vous le faites avec d’autres, pas contre les autres.
La prépa HEC est souvent décrite comme une parenthèse pénible qu’il faudrait simplement endurer pour décrocher une bonne école. Il y a du vrai, mais ce n’est pas toute l’histoire. Les journées ne seront pas toutes faciles, les coups de fatigue et les déceptions seront inévitables, comme pour tous les préparationnaires. Pourtant, une fois que le rythme est pris et que vous êtes intégré dans votre classe, la prépa devient une expérience à part.
Vous vivez pendant deux ans dans un environnement où tout tourne autour des études mais aussi des projets, des liens d’amitié, des ambitions communes. Beaucoup d’anciens élèves gardent de cette période des souvenirs très forts, faits de travail intense mais aussi de solidarité, de fous rires après des oraux ratés, de discussions interminables sur l’actualité ou sur un sujet de dissertation. La prépa reste exigeante, parfois éprouvante, mais ce n’est pas seulement une mauvaise phase à supporter. C’est aussi un moment où l’on grandit vite, où l’on apprend à se connaître et où l’on développe une vraie endurance intellectuelle.
En prépa HEC, la question revient sans cesse. Faut il redoubler la deuxième année pour partir aux concours en tant que cube ou faut il se présenter en carré et tourner la page ensuite. Les carrés disposent parfois d’un regard un peu privilégié de la part des jurys, car ils affrontent les concours pour la première fois. De leur côté, les cubes ont passé une année de plus à revoir le programme, peaufiner leurs méthodes et corriger leurs faiblesses. Sur le papier, cette année supplémentaire leur donne un bagage plus solide.
La réalité est plus équilibrée. Un cube progresse souvent par rapport à son niveau de carré, mais s’il a choisi de redoubler, c’est souvent parce qu’il n’était pas parmi les meilleurs au premier passage. Les carrés n’ont donc pas à se voir comme des candidats défavorisés. Avec un travail régulier et une bonne gestion de l’année, ils ont toutes leurs chances. La décision de cuber doit se prendre au cas par cas, en fonction de vos résultats, de votre marge de progression et de votre énergie. Ce n’est pas une garantie de succès, ni un échec si vous choisissez de ne pas le faire.
Certains élèves se rassurent en se disant qu’il suffit de miser sur les mathématiques ou sur leur matière forte, en laissant de côté ce qu’ils aiment moins. Dans les concours d’écoles de commerce, les coefficients varient effectivement d’une filière à l’autre, mais aucune matière ne peut être négligée sans conséquence. Les maths jouent souvent un rôle déterminant, mais la culture générale, l’ESH ou la géopolitique et les langues pèsent lourd dans le total final.
Un 6 ou un 7 dans une matière que l’on a peu travaillée devient difficile à compenser, surtout lorsque les coefficients s’additionnent sur plusieurs écrits et plusieurs oraux. Dans une logique de concours, il est souvent plus rentable de remonter une matière sous estimée par la majorité des candidats que de grappiller quelques points supplémentaires dans sa matière forte. Le niveau moyen en langues, par exemple, reste souvent assez faible, ce qui permet à un candidat sérieux de se démarquer sans pour autant viser la perfection. En culture générale, un devoir clair, bien organisé et sans fautes de langue se distingue déjà, même si le propos reste simple.
À plus long terme, la capacité à s’exprimer dans plusieurs langues et à manier des références culturelles variées devient un atout évident dans un environnement économique mondialisé. Travailler ces matières ne sert donc pas seulement à gagner des points aux concours, mais aussi à préparer la suite de votre parcours en école et en entreprise.
La fin de la première année voit souvent apparaître la grande question. Faut il continuer, passer en deuxième année et se lancer vers les concours, ou bien changer de voie. Lorsque les notes sont décevantes, il devient difficile de garder confiance. Les comparaisons avec les camarades accentuent parfois le doute et font croire que tout est joué dès les premiers devoirs de sup.
Pourtant, en prépa HEC comme ailleurs, les progrès se font rarement de manière linéaire. En mathématiques, en ESH ou en géopolitique, la compréhension se construit par paliers. Des chapitres entiers restent flous pendant des semaines puis se clarifient en quelques jours parce que l’on a enfin trouvé la bonne explication ou la bonne méthode. Un plan de dissertation qui paraissait impossible à structurer finit par devenir naturel après plusieurs essais. Ce déclic peut survenir à tout moment, à condition de rester dans l’effort, de poser des questions, de refaire les exercices que l’on ne maîtrise pas et de retravailler les corrections.
Ce que vous n’avez pas compris en début de première année peut se débloquer en fin de sup, en début de deuxième année ou même pendant l’été. Rien n’est figé tant que vous restez actif dans votre travail. Avant de décider de quitter la prépa, il est donc sage de discuter avec vos professeurs, d’analyser vos points forts et vos marges de progression, puis d’évaluer honnêtement ce que vous êtes prêt à mettre en place pour progresser. Le déclic vient rarement chez ceux qui ont déjà renoncé intérieurement.